R. Renard-Penna and E. Durand
Plan du chapitre
L'exploration des reins peut se faire par imagerie morphologique (échographie, ASP, uréthrographie, angiographie), fonctionnelle (scintigraphie statique ou dynamique) ou mixte, à la fois morphologique et fonctionnelle (IRM, uro-TDM, cystographie). En imagerie fonctionnelle, nombre d'agents diagnostiques utilisés sont des agents à diffusion interstitielle qui sont librement filtrés par le glomérule (cas de tous les produits de contraste en radiologie et en IRM ainsi que du 99mTc-DTPA en scintigraphie).
L'exploration de l'appareil urinaire par les ultrasons est une méthode fiable et non agressive pouvant ainsi être facilement répétée, elle peut également guider certains gestes invasifs (ponctions, biopsies). Elle peut être faite avec trois types de sondes (abdominale, superficielle ou endorectale). L'échographie est désormais l'examen de « débrouillage » de toute affection urinaire ; c'est en fonction de ses résultats que s'oriente ensuite la stratégie diagnostique.
Les reins sont explorés en procubitus par voie latérale, le faisceau ultrasonore étant transmis à travers les fosses lombaires (figure 26.1). Le rein droit peut être également examiné par voie antérieure à travers la fenêtre acoustique constituée par le foie droit ; le rein gauche par cette voie est habituellement masqué par les gaz contenus dans le tube digestif. L'utilisation du Doppler couleur et pulsé permet l'étude de la vascularisation du rein (artères et veines). L'utilisation de produit de contraste ultrasonore (microbulles) permet l'étude de la vascularisation du rein et la caractérisation des lésions tissulaires du rein.
Le cortex apparaît discrètement hypoéchogène (comparativement au parenchyme hépatique), homogène. La médullaire est plus hypoéchogène que le cortex. Il existe donc, à l'état normal, une différenciation corticomédullaire. La médullaire est constituée de structures coniques, les pyramides rénales de Malpighi, qui se présentent donc comme des triangles hypoéchogènes à base externe et à sommet interne. Entre ces pyramides s'insinuent les colonnes rénales de Bertin, qui sont les prolongements du cortex contenant des vaisseaux venant du sinus du rein. Les contours du rein sont nets, marqués par un liseré hyperéchogène régulier qui correspond à l'interface entre la capsule du rein et la graisse rétropéritonéale. La capsule du rein n'est pas visible de façon distincte. Le sinus du rein (formé par les éléments vasculaires, la voie excrétrice, les lymphatiques et du tissu cellulograisseux) est hyperéchogène. À l'état normal, les cavités pyélocalicielles intrarénales ne sont pas visibles.
L'échographie permet :
L'étude des artères rénales est facilitée par le Doppler couleur.
L'enregistrement spectral obtenu en Doppler pulsé après repérage de l'artère est composé d'un pic systolique à pente raide et d'une composante diastolique antérograde.
L'indice de résistance (IR) ou indice de Pourcelot :
est calculé à partir des vitesses systolique maximale et télédiastolique minimale. C'est actuellement le plus utilisé pour évaluer les résistances artérielles périphériques du rein (normale : < 0,7).
L'uretère à l'état normal n'est pas visible. Seule sa partie terminale, dans son trajet intramural vésical, est visible sous forme d'une image hypoéchogène canalaire centrée par une petite surélévation de la muqueuse vésicale, au-dessus du trigone. On peut observer les jets urétéraux sous forme de petits échos mobiles, tourbillonnants, correspondant à l'arrivée de l'urine dans la vessie. Les ostiums urétéraux sont, quant à eux, constamment visibles, réalisant deux petites surélévations de la face luminale de la paroi vésicale (bilatérales et symétriques dans le plan axial), en continuité avec l'image intramurale des uretères. Le repérage des ostiums urétéraux peut être facilité par l'utilisation du Doppler couleur.
L'abord sus-pubien permet l'exploration de la paroi vésicale, et évalue la contenance de la vessie et le résidu postmictionnel. La vessie apparaît de forme variable, en fonction de son état de réplétion. Pleine ou en semi-réplétion, elle a un contenu totalement liquide, anéchogène. En réplétion, la vessie est entourée d'une paroi fine et régulière, échogène et homogène. Lorsqu'elle est peu remplie, sa paroi apparaît plus épaisse. Après miction, il n'y a pas de résidu : totalement vide, la paroi et le contenu ne sont pas analysables.
L'utilisation d'une sonde endorectale permet une excellente étude endoluminale et pariétale, en particulier de la face postérieure de la vessie (siège le plus fréquent des tumeurs vésicales). Elle montre aussi la portion distale des uretères.
L'exploration par sonde endorectale permet d'obtenir :
La prostate apparaît sous forme grossièrement triangulaire avec un sommet situé vers le bas correspondant à l'apex et une base vers le haut au contact du trigone vésical, se prolongeant par les vésicules séminales. Elle est modérément hypoéchogène. L'anatomie zonale est bien appréciée par la voie endorectale.
Une sonde haute fréquence est utilisée en pathologies scrotale, testiculaire et épididymaire. L'échographie est l'examen de choix pour l'exploration de tumeurs testiculaires.
Réalisé en décubitus dorsal, il s'agit d'une radiographie couvrant la totalité de l'arbre urinaire depuis le pôle supérieur du rein le plus haut jusqu'à la symphyse pubienne en bas. Les reins, de tonalité hydrique, ne sont visibles sur l'ASP que si la graisse rétropéritonéale est en quantité suffisante. La ligne des psoas se détache de T12 et descend obliquement en bas et en dehors vers la crête iliaque. Elle est rectiligne ou très légèrement convexe chez les sujets athlétiques. Le principal intérêt actuel de l'ASP est la recherche d'un calcul radio-opaque en projection de l'arbre urinaire. Il est de moins en moins souvent pratiqué.
Elle consiste à acquérir une série de clichés radiologiques après une injection intraveineuse de 60 à 100 mL d'un produit de contraste iodé hydrosoluble à élimination urinaire, permettant l'opacification de l'urine et la visualisation du parenchyme rénal et des cavités excrétrices. Le produit atteint l'artère rénale en une quinzaine de secondes ; il est éliminé par filtration glomérulaire puis collecté dans les cavités excrétrices ; ainsi, progressivement l'urine opaque vient remplacer l'urine non opaque préexistante dans les cavités excrétrices. Le déroulement habituel de l'examen comprend :
À la fin de l'étude, on prend un cliché prémictionnel centré sur la vessie puis per- et postmictionnel. Cet examen a quasiment disparu, supplanté par l'uro-TDM mais garde quelques rares indications spécialisées dans les contrôles postopératoires.
L'examen TDM est l'examen de référence pour l'exploration des reins (pathologies tumorale, lithiasique, infectieuse), de l'arbre urinaire, pour les bilans d'extension des tumeurs vésicales.
L'examen est principalement fondé sur l'étude des différentes phases de diffusion du produit de contraste iodé injecté par voie intraveineuse. Il permet ainsi d'analyser le parenchyme rénal aux différentes phases de son rehaussement ainsi que la sécrétion de produit de contraste au niveau des cavités urinaires.
On distingue quatre phases d'étude pour les reins et l'arbre urinaire :
On parle d'uro-TDM lorsqu'une acquisition est réalisée au temps « excrétoire » pour l'étude de la voie excrétrice. On parle de TDM rénale lorsqu'il s'agit d'une TDM abdominopelvienne sans injection (bilan de colique néphrétique) ou pour les TDM injectées limitées à un temps cortical et médullaire (étude des infections, des tumeurs rénales, etc.).
L'inconvénient majeur de la TDM est l'irradiation. Les indications doivent donc être bien posées, les acquisitions, ainsi que la répétition des examens, limitées. Après chaque examen TDM, la dose d'irradiation délivrée au patient doit être précisée sur le compte-rendu. Cet examen est contre-indiqué pendant la grossesse, et les précautions à prendre avant l'injection de produit de contraste iodé doivent être respectées (insuffisance rénale, intolérance aux produits de contraste (cf. « Tomodensitométrie »).
Reins
Les reins sont situés dans la fosse lombaire (figure 26.2). Sur les coupes axiales, ils apparaissent grossièrement ovales. Dans la région du hile, ils prennent un aspect en U ouvert en dedans et en avant. Les vaisseaux du pédicule sont également visibles sous forme de structures tubulaires avec un plan veineux situé en avant du plan artériel. L'épaisseur du parenchyme rénal décroît normalement avec l'âge. La longueur normale du rein est égale à la distance séparant le bord supérieur de L1 à la partie moyenne de L4 (soit trois vertèbres et demie).
Lors de cette phase le parenchyme rénal est homogène, avec une densité comprise entre 35 et 55 UH. C'est la phase la plus sensible pour la détection des calculs. Elle permet l'évaluation des densités spontanées des masses (calcification, hémorragie, graisse, évaluation de la densité en UH).
Elle débute 30 à 45 secondes après le début de l'injection de produit de contraste en bolus : la prise de contraste débute par le rehaussement intense du cortex rénal isolé (120 UH et plus), alors que la médullaire est hypodense (différenciation corticomédullaire).
Cette phase est essentielle pour la détection des anomalies du cortex, les déficits de perfusion, l'analyse des syndromes tumoraux (rénaux et urothéliaux) et pseudotumoraux (hypertrophie d'une colonne de Bertin). Elle permet également d'apprécier le nombre et la disposition des artères rénales et des veines rénales qui sont rehaussées de façon extrêmement précoce et la recherche de localisation à distance pour le bilan d'extension.
La phase parenchymateuse ou tubulovasculaire débute environ 60 secondes après le début de l'injection et dure environ 60 secondes. Elle est caractérisée par l'opacification de la médullaire rénale lors de l'arrivée du produit de contraste dans les tubes collecteurs, alors que la densité du cortex diminue. Le parenchyme rénal s'est homogénéisé et les deux compartiments, cortex et médullaire, ne sont plus distinguables l'un de l'autre. Les vaisseaux rénaux sont encore opacifiés d'où le nom de phase tubulovasculaire.
Elle est plus adaptée pour la détection et la caractérisation de masses rénales, pour la détection des lésions infectieuses (foyer de pyélonéphrite).
L'apparition du produit de contraste dans les cavités pyélocalicielles (souvent appelée « sécrétion » en séméiologie radiologique) se fait normalement avant la troisième minute et est maximale à un temps tardif réalisé à environ sept à huit minutes (éventuellement potentialisée par l'injection d'un diurétique créant une hyperdiurèse, ou d'une hyperhydratation).
C'est l'obtention de cette phase au temps excrétoire qui définit l'uro-TDM.
C'est sur cette phase que l'arbre urinaire est étudié. Les reconstructions dans un plan coronal et dans les trois dimensions de l'espace (volume rendering, maximum intensity projection [MIP]) permettent l'obtention d'une urographie reconstruite.
Cavités pyélocalicielles (figure 26.3)
Les calices mineurs (petits calices) sont au nombre d'une douzaine en moyenne. Ils répondent au sommet de chaque papille. Chaque petit calice est composé :
Les calices majeurs (groupes caliciels) : typiquement au nombre de trois, ils sont formés par la réunion de trois ou quatre calices mineurs. Le calice majeur supérieur est typiquement vertical, le calice majeur moyen, le calice majeur inférieur oblique en bas et en dehors.
Le pelvis (bassinetou pyélon) : est formé par la convergence des trois calices majeurs. Il a une forme triangulaire. Son bord supérieur est convexe et son bord inférieur, concave en bas, dessine avec le calice majeur inférieur et l'uretère une arche qui épouse la forme de la lèvre inférieure du sinus. Le sommet du triangle correspond à la jonction pyélo-urétérale.
La morphologie du pelvis rénal est très variable : parfois absent (les calices majeurs confluent pour former directement l'uretère), parfois volumineux à développement extrasinusal.
Uretères
Ils font suite au pelvis rénal à hauteur de L2 et cheminent en avant des grands psoas en se dirigeant vers le bas, accompagnés des vaisseaux gonadiques.
Chez l'adulte, les uretères ont une longueur de 25 à 30 cm. On leur distingue trois segments : lombaire, iliaque et pelvien.
L'uretère lombaire descend en avant du grand psoas, croisant de dehors en dedans les processus costiformes transverses des trois dernières vertèbres lombaires.
L'uretère iliaque se projette sur l'aileron sacré, en dedans de l'articulation sacro-iliaque. L'uretère pelvien décrit une courbe convexe en dehors, parallèle au bord interne de l'os coxal. Les derniers centimètres de l'uretère, horizontaux, correspondent en partie au segment intravésical ou intramural.
Le calibre moyen de l'uretère est de 5 mm. Les uretères présentent ainsi deux portions plus larges (appelées cystoïdes) situées entre trois rétrécissements physiologiques :
L'hyperdiurèse (obtenue avec l'injection d'un diurétique de l'anse) permet d'obtenir une bonne visibilité des uretères sur toute la hauteur, la reconstruction en deux et trois dimensions permet d'obtenir au temps excrétoire un équivalent d'UIV reconstruite.
Vessie
Elle est de forme ovale, à grand axe transversal ou antéro-postérieur. Lorsque la réplétion vésicale est satisfaisante, la paroi est fine et régulière, de densité tissulaire homogène, de contours nets (excellent contraste avec la graisse périvésicale). Le contenu vésical est totalement liquide, hypodense.
Si la vessie est vide, la paroi apparaît très épaisse et le contenu peut ne pas être visualisé. Après injection intraveineuse de produit de contraste, la paroi vésicale se rehausse modérément, de façon homogène. Sur les coupes tardives réalisées au temps excrétoire (au minimum trois minutes après injection), le produit de contraste arrive par les uretères dans la lumière vésicale. Comme il est plus dense que l'urine il est déclive, réalisant au début un niveau horizontal entre l'urine non opacifiée et opacifiée. En quelques minutes, l'urine opacifiée remplit entièrement la vessie
Prostate
Elle présente un aspect circulaire ou ovalaire et est parfaitement limitée. Elle est homogène, de densité tissulaire (parfois, quelques calcifications banales sont visibles au sein du tissu prostatique). Elle est entièrement entourée de graisse. La TDM n'est pas adaptée à l'étude de la prostate car elle ne parvient pas à préciser l'anatomie zonale de la prostate et ne permet pas l'analyse du parenchyme prostatique.
Vésicules séminales
Elles sont grossièrement ovales à grand axe transversal, de densité intermédiaire entre la densité tissulaire et la densité liquidienne.
Vaisseaux rénaux
Les vaisseaux rénaux sont maintenant très bien analysés en TDM, grâce à l'acquisition millimétrique qui permet d'obtenir l'équivalent d'une angiographie avec les reconstructions multiplanaires et curvilignes. Les variantes anatomiques artérielles et veineuses sont nombreuses, les vaisseaux surnuméraires ou polaires sont fréquents.
Espaces et fascias rétropéritonéaux
Les reins, les surrénales et la graisse périrénale sont entourés par le fascia rénal (de Gerota). Celui-ci comporte deux feuillets : l'un antérieur, l'autre postérieur. Latéralement, ces deux feuillets fusionnent pour former le fascia latéro-conal. La capsule rénale, qui est en contact étroit avec le parenchyme, n'est pas individualisable à l'état normal en TDM.
Surrénales
La surrénale droite est située immédiatement en arrière de la VCI et s'étend postéro-latéralement, parallèlement au pilier droit du diaphragme. La surrénale gauche est située en dehors de l'aorte et du pilier gauche du diaphragme, derrière la queue du pancréas et les vaisseaux spléniques, en avant et en dedans du pôle supérieur du rein gauche.
Normalement l'épaisseur d'un bras est d'environ 5 à 8 mm. Une épaisseur de 10 mm et plus doit être considérée comme pathologique. La densité spontanée des surrénales est entre 25 et 40 UH.
Les séquences sont effectuées en pondération T2, en pondération T1 avant et après injection de gadolinium sans et avec saturation de la graisse. Les séquences sont obtenues dans les trois plans de l'espace.
Les contre-indications sont les contre-indications générales de l'IRM. Les limites de l'IRM sont essentiellement dues à la résolution spatiale moins bonne que celle de la TDM, en particulier pour l'analyse de l'arbre urinaire.
L'IRM est une technique d'imagerie peu invasive, très performante, pour l'analyse des reins et fournit des informations d'ordre morphologique sur l'ensemble de l'appareil urinaire (vaisseaux du rein, parenchyme rénal, voie excrétrice supérieure et vessie, bas appareil urinaire) et fonctionnel (sur la fonction rénale et le drainage du produit de contraste).
Elle est particulièrement utile chez les patients pour lesquels un examen TDM ne peut être réalisé. Elle peut également être prescrite en complément d'une TDM ; elle s'intègre alors dans quatre indications principales :
IRM rénale
Sur les séquences en pondération T1, le signal du cortex est plus important que celui de la médullaire, celle-ci prenant un aspect de zones triangulaires, à base externe, en hyposignal (figure 26.4). Le sinus du rein est le siège d'un hypersignal T1 proche de celui du rétropéritoine, lié à son contenu essentiellement graisseux.
Sur les séquences en pondération T2, la deuxième particularité de signal du parenchyme rénal est liée à son temps de relaxation T2 assez long qui est à l'origine d'un hypersignal homogène du parenchyme sur les séquences pondérées T2.
L'injection d'un produit de contraste paramagnétique (complexes de gadolinium) est responsable d'un rehaussement homogène de l'ensemble du parenchyme rénal sur les séquences pondérées T1. Les séquences dynamiques réalisées précocement après injection du gadolinium montrent un rehaussement précoce du cortex, suivi d'une homogénéisation rapide du signal (temps tubulaire). Elles permettent d'estimer la fonction rénale relative (pourcentage de fonction assuré par chacun des deux reins).
Actuellement l'uro-TDM est l'examen de référence pour l'exploration des tumeurs urothéliales car il offre une meilleure résolution spatiale. L'uro-IRM est réservée aux patients présentant une contre-indication à la TDM (intolérance aux produits de contraste iodés, radiosensibilité anormale d'origine génétique) ou à la fonction rénale altérée, à condition d'utiliser des chélates de gadolinium macrocycliques stables. Une uro-IRM est obtenue après opacification de l'arbre urinaire sur les temps tardifs après l'injection de gadolinium en pondération T1 et d'un diurétique de l'anse. Le type et la dose de produit de contraste injecté sont adaptés pour éviter le risque de fibrose néphrogénique systémique.
Elle est particulièrement intéressante en pathologie tumorale vésicale et prostatique. Sa résolution est supérieure à celle de la TDM dans l'estimation de l'extension tumorale locale.
IRM vésicale
Elle peut être indiquée pour le bilan d'extension locale d'une tumeur de vessie en complément d'une uro-TDM.
IRM prostatique
L'IRM prostatique est l'examen de référence pour :
Elle est également utile en cas de suspicion de récidive de cancer de la prostate.
La scintigraphie dynamique consiste à suivre la distribution d'un médicament radio pharmaceutique (MRP) injecté en intraveineux excrété par le rein, avec une acquisition en mode cinéma. Cet examen revient à réaliser l'équivalent d'une UIV à faible résolution spatiale mais permettant une quantification. Contrairement à l'UIV ou à l'uro-TDM, l'irradiation est faible (de l'ordre de 1 mSv). Le MRP injecté peut être :
Cet examen permet d'apprécier :
La mesure des fonctions relatives permet d'apprécier le retentissement d'une affection touchant un seul rein (en pathologie obstructive ou infectieuse). Elle permet aussi de prédire la fonction résiduelle après néphrectomie. L'acquisition se fait en projection postérieure. Le rein droit apparaît donc à droite de l'image.
L'échodoppler, la TDM et l'IRM ont considérablement réduit les indications des explorations vasculaires. L'angiographie ne garde à ce jour que des indications essentiellement à visée thérapeutique.
La scintigraphie corticale consiste à injecter un traceur, en pratique le 99mTc-DMSA (figure 26.6), qui va s'accumuler lentement dans le parenchyme rénal fonctionnel. Les images sont acquises tardivement (au moins deux heures après injection). Elles montrent :
La fonction rénale absolue (débit de filtration glomérulaire [DFG]) ne peut pas être obtenue par imagerie. Elle peut être soit estimée de manière grossière par une formule (Cockcroft et Gault ou modification of the diet in renal disease [MDRD] ou chronic kidney disease epidemiology collaboration [CKD-EPI]) à partir d'un dosage de créatininémie, soit être mesurée de manière précise par une mesure de clairance isotopique.
Bien qu'elles ne soient pas à proprement parler des techniques d'imagerie, les mesures de clairance isotopiques sont des techniques diagnostiques de médecine nucléaire. Le principe est simple : injecter un traceur en intraveineux, puis mesurer son élimination rénale pour déterminer la fonction groupée des deux reins.
Le médicament injecté est un traceur glomérulaire, généralement le 51Cr-ethylene diamine tetracetic acid (EDTA), parfois le 99mTc-DTPA. On peut :
Si l'on veut connaître la fonction d'un rein, il faut donc à la fois mesurer une clairance globale (par exemple 120 mL/min/1,73 m2) et réaliser une scintigraphie rénale pour obtenir la fonction rénale relative (par exemple rein droit : 30 % ; rein gauche : 70 %). Dans l'exemple fourni, la fonction du rein droit est de 36 mL/min/1,73 m2.
La cystographie est un examen qui consiste à remplir la vessie de produit de contraste dilué après sondage.
Elle peut être soit rétrograde par mise en place d'une sonde vésicale à travers l'urètre, soit sus-pubienne par ponction directe de la vessie à travers la paroi abdominale dans la région sus-pubienne (en cas d'impossibilité de sondage).
L'étude pré-, per- et postmictionnelle comporte un ou plusieurs clichés en cours de miction et un cliché après miction. Cet examen est utilisé pour rechercher un reflux vésico-urétéral car il n'a pas d'équivalent en imagerie en coupes. Dans les cas les plus difficiles, il est aussi possible de réaliser une cystoscintigraphie selon le même principe en médecine nucléaire, ce qui peut mettre en évidence des reflux discrets, peu visibles en cystographie conventionnelle.
Elle consiste en l'injection à contre-courant d'un produit de contraste dans l'urètre et comporte donc :
L'urétrographie rétrograde est toujours utilisée car elle seule permet une étude morphologique plus fine de l'urètre dans ses différents segments et est intéressante dans le cadre de l'exploration d'une pathologie urétrale, notamment d'origine prostatique chez l'homme.
L'obstruction est définie comme une gêne à l'écoulement de l'urine vers les voies urinaires qui, en l'absence de traitement, entraîne une diminution de la fonction rénale ou, chez l'enfant, compromet le développement de la fonction. Le mécanisme classiquement invoqué pour cette atteinte rénale est une élévation de pression dans les voies urinaires en amont de l'obstacle entraînant une souffrance rénale.
Le syndrome obstructif se traduit par :
On distingue deux types d'obstruction : le syndrome obstructif aigu et le syndrome obstructif chronique.
L'obstruction aiguë est douloureuse. La dilatation des cavités est modérée, voire absente. L'absence de dilatation des cavités pyélocalicielles peut être une source de faux négatif. Lorsqu'elle est présente, la dilatation des cavités peut être importante, mais il n'y a pas de modification du parenchyme, en particulier pas d'amincissement qui serait alors en faveur d'une obstruction chronique. Il peut exister une néphromégalie, une infiltration de la graisse périrénale, voire un épanchement autour du rein. Elle se manifeste par une dilatation des cavités pyélocalicielles, sans amincissement du parenchyme rénal.
En scintigraphie dynamique, les traceurs tubulaires sont initialement sécrétés mais mal drainés, donnant une image de fixation très intense du rein atteint. En revanche, les traceurs glomérulaires sont généralement peu filtrés s'il y a un retentissement sur la fonction, donnant au contraire une image de rein hypofixant.
L'objectif de l'imagerie dans ce contexte sera d'identifier le calcul et d'évaluer le retentissement sur les voies urinaires. Deux stratégies sont disponibles.
Couple ASP-échographie
L'abdomen sans préparation (ASP) permet de mettre en évidence un calcul radio-opaque en projection des voies urinaires, d'estimer sa taille, sa localisation. Il permettra de faire la différence entre un calcul urinaire et un calcul biliaire, des calcifications pancréatiques, aortiques, des phlébolites pelviens.
Un calcul est radio-opaque s'il est visible sur l'ASP. Un calcul est radio-transparent s'il est visible en échographie mais pas sur l'ASP.
L'échographie permet de confirmer le diagnostic clinique de colique néphrétique aiguë en identifiant le calcul et la dilatation urétérale. Elle permet d'identifier également les calculs radio-transparents (figure 26.7).
En échographie, le calcul montre un arc échogène suivi d'un cône d'ombre postérieur. Le calcul est particulièrement bien visible lorsqu'il est situé au niveau de l'uretère pelvien rétrovésical, ou au niveau de l'uretère lombaire sous-jonctionnel. En revanche, l'analyse de la portion iliaque de l'uretère est difficile ; les calculs enclavés au niveau du promontoire sont le plus souvent non détectés en échographie.
Dilatation des cavités pyélocalicielles
On recherchera des complications : comme la rupture de fornix qui correspond à un épanchement périrénal sous la forme d'une lame hypoéchogène périrénale.
Examen tomodensitométrique (TDM)
Dans cette indication, il doit être réalisé sans injection de produit de contraste et avec une dose très basse d'irradiation. C'est l'examen le plus performant pour le diagnostic de colique néphrétique (figure 26.8).
Cet examen permettra de faire :
Le cas d'une dilatation chronique des cavités pyélocalicielles, souvent indolore est plus difficile à évaluer. S'il s'agit bien d'une obstruction, par définition, elle finit par entraîner un retentissement sur le parenchyme rénal.
L'obstruction chronique se fait en plusieurs étapes :
Les anomalies fonctionnelles caractéristiques du syndrome obstructif sont également présentes : retard d'apparition de la néphrographie, néphrographie prolongée, retard d'opacification de la voie excrétrice, drainage ralenti, diminution de la fonction relative du côté atteint en cas d'atteinte unilatérale.
Le diagnostic est évoqué :
Il faut alors :
Les causes du syndrome obstructif du haut appareil urinaire sont multiples : corps étranger endoluminal : calcul le plus fréquemment, mais aussi caillots ;
L'échographie permet de différencier :
L'analyse en Doppler permet de rechercher une vascularisation intratumorale et de compléter le bilan d'extension en recherchant une thrombose veineuse au niveau de la veine rénale et son éventuelle extension à la VCI.
La TDM (figure 26.10), examen de référence, permet de différencier une masse de type solide ou mixte, dont la prise en charge est chirurgicale, d'une formation strictement liquidienne, toujours bénigne (et ne nécessitant donc aucun traitement). La TDM est donc indispensable dès que le syndrome de masse tumorale visualisé en échographie ne correspond pas à une formation liquidienne présentant tous les caractères ultrasonores habituels d'un kyste simple parenchymateux ou parapyélique. Elle doit être effectuée sans puis avec injection de produit de contraste aux temps cortical, néphrographique et excrétoire.
Si la masse est solide, on recherchera, avant injection :
Après injection de produit de contraste (temps cortical et néphrographique), on recherchera une prise de contraste supérieure à 15 UH entre la phase non injectée et la phase néphrographique qui signe une lésion solide.
Le cancer du rein typique se présente sous forme d'une lésion encapsulée, hétérogène, avec une double composante solide, tissulaire hypervascularisée, et nécrotique ou nécrotico-hémorragique. L'injection de produit de contraste montre un rehaussement de densité précoce et intense des zones charnues, alors que les plages de nécrose sont avasculaires. Des éléments caractéristiques mais inconstants sont des calcifications intratumorales, l'envahissement de la veine rénale et de la VCI.
Les critères tomodensitométriques (TDM) de bénignité d'une masse rénale kystique sont :
L'IRM, enfin, peut aider à la caractérisation (caractère tissulaire ou non) d'une masse atypique pour laquelle un diagnostic de certitude n'a pu être posé par l'échographie et la TDM (masse kystique atypique le plus souvent). En effet, l'IRM est très sensible à la présence du produit de contraste et permet donc d'identifier plus facilement le caractère solide des lésions. Les critères morphologiques sont les mêmes qu'en TDM.
L'échographie peut montrer une lésion tissulaire végétante : il y a alors indication d'une cystoscopie et d'une uro-TDM pour le bilan d'extension.
L'échographie est peu sensible pour la détection des tumeurs prostatiques mais l'échographie endorectale permet de guider les biopsies.
Les cystites simples ne nécessitent pas d'examen d'imagerie. En revanche, les infections urinaires fébriles (pyélonéphrites) nécessitent au moins une échographie pour vérifier l'absence d'obstacle. Dans les cas difficiles, une scintigraphie corticale peut aider à porter le diagnostic puis à apprécier d'éventuelles séquelles parenchymateuses.
Une pyélonéphrite chez l'homme et une pyélonéphrite récidivante chez la femme doivent faire rechercher un reflux vésicorénal par une cystographie.
Imagerie uronéphrologique en cas d'insuffisance rénale non dialysée : que faire ?
S'il est néanmoins nécessaire de faire une TDM ou une IRM, il faut privilégier l'IRM. En effet, parfois l'IRM résout les problèmes sans injection de produit de contraste grâce à sa grande richesse en contraste T1 et T2.
Si l'injection est finalement nécessaire, les chélates de gadolinium ne sont pas néphrotoxiques alors que les produits de contraste iodés le sont. Il est donc préférable d'utiliser l'IRM et les chélates de gadolinium plutôt que la TDM et les produits de contraste iodés.
Toutefois, en cas d'insuffisance rénale sévère (DFG < 30 mL/min), les chélates de gadolinium circulent dans le sang pendant des heures avant d'être lentement éliminés. Cette longue circulation peut entraîner une dissociation de l'ion gadolinium de son chélateur. Or le gadolinium libre est très toxique et provoque une complication retardée grave : la fibrose néphrogénique systémique. En cas d'insuffisance rénale, il faut donc utiliser les chélates de gadolinium les plus stables (macrocycliques).
En résumé, en cas d'insuffisance rénale sévère non dialysée, on utilise de préférence dans l'ordre et en fonction des indications :