Item 76 - Addiction au cannabis, à la cocaïne, aux amphétamines, aux opiacés, aux drogues de synthèse
Le principe actif est le Tétra-hydro-cannabinol (THC). Il agit sur les récepteurs cannabinoïdes, en potentialisant la libération de dopamine. Le cannabis se consomme, par ordre croissant de principe actif, sous forme d'herbe (marijuana), de résine (haschish), et d'huile.
Il s'agit d'un problème de santé publique. 1,2 millions de sujets sont consommateurs réguliers en France (soit environ 1,6 %). 13,4 millions de personnes (11-75 ans) en ont fait l'expérience au moins une fois dans leur vie (soit environ 20%).
La consommation est surtout masculine, quelle que soit la tranche d'âge. A 17 ans, plus de 40 % des jeunes de 17 ans déclarent avoir fumé du cannabis au cours de leur vie et plus d'un sur cinq déclare avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois.
L'intoxication se développe en quelques minutes si le cannabis est fumé, mais peut prendre quelques heures pour se développer s'il ingéré. Les effets durent environ 3 à 4 heures, la durée étant plus longue quand la substance est prise oralement. L'importance des modifications comportementales et physiologiques dépend de la dose, de la méthode d'administration et des caractéristiques individuelles de la personne utilisant la substance comme le taux d'absorption, la tolérance, et la sensibilité aux effets de la substance. Les effets du cannabis peuvent parfois persister ou réapparaître pendant 12 à 24 heures.
L'intoxication commence, en général, par une sensation de bien-être suivie par des symptômes qui incluent une euphorie avec rires inappropriés et idées de grandeur, une sédation, une léthargie, une altération du jugement, des distorsions des perceptions sensorielles (hallucinations), une altération des performances motrices (difficultés de coordination motrice) et la sensation que le temps passe lentement. Le trouble s'accompagne parfois d'une anxiété (qui peut être sévère pouvant aller jusqu'à la dépersonnalisation / déréalisation), d'une dysphorie, ou d'un retrait social. Les performances cognitives sont altérées, notamment la mémoire à court terme, des difficultés à réaliser des tâches intellectuelles complexes. L'altération de l'ensemble des performances peut persister jusqu'à 24h après l'usage.
Au niveau physiologique non psychiatrique, l'intoxication aigue au cannabis provoque une tachycardie, hypotension, diminution de la salivation, dyspnée, augmentation de l'appétit, hyperhémie conjonctivale (yeux rouges) avec myosis. Des céphalées, nausées, vomissements peuvent accompagner le tableau clinique.
Un syndrome de sevrage peut apparaître environ 10 heures après la dernière consommation, et il y aurait un pic à la 48ème heure. Les manifestations cliniques associent une agitation, une anxiété, une dysphorie, une insomnie, une anorexie, des tremblements des extrémités distales des membres supérieurs, sueurs, diarrhée. L'ensemble de ces symptômes disparait en 3 semaines environ.
L'intoxication chronique de cannabis est responsable d'un syndrome amotivationnel, associant altérations des performances cognitives avec un impact sur la mémoire et les capacités attentionnelles, une indifférence affective, un rétrécissement de la vie relationnelle, mais également une altération des performances au niveau scolaire / professionnel, social, favorisant ou amplifiant la désinsertion, la marginalisation.
Un trouble psychotique bref peut apparaître de manière concomitante à l'intoxication aiguë, mais peut également apparaître dans le mois qui suit l'arrêt de l'intoxication. La symptomatologie clinique rejoint celle du trouble psychotique bref (voir item 61). La symptomatologie est résolutive à l'arrêt de l'intoxication, ou sous traitement par neuroleptiques.
Le cannabis peut, d'un part, précipiter l'entrée dans la maladie chez les sujets vulnérables, d'autre part altérer l'évolution de la pathologie parmi ceux qui l'ont déjà développée.
L'intoxication au cannabis peut induire un véritable trouble anxieux (voir item 64).
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
A. Utilisation récente de cannabis.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (p. ex., altération de la coordination motrice, euphorie, anxiété, sensation de ralentissement du temps, altération du jugement, retrait social) qui se sont développés pendant ou peu après l'utilisation de cannabis.
C. Au moins deux des signes suivants, se développant clans les deux heures suivant l'utilisation de cannabis :
(1) conjonctives injectées
(2) augmentation de l'appétit
(3) sècheresse de la bouche
(4) tachycardie
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux explique par un autre trouble mental.
Spécifier si : Avec perturbation des perceptions
Cette spécification peut être notée quand le sujet présente des hallucinations sans altération de l'appréciation de la réalité.
A. Perturbation de la conscience (c.-à-d. baisse d'une prise de conscience claire de l'environnement) avec diminution de la capacité à mobiliser, focaliser, soutenir ou déplacer l'attention.
B. Modification du fonctionnement cognitif (telle qu'un déficit de la mémoire, une désorientation, une perturbation du langage) ou bien survenue d'une perturbation des perceptions qui n'est pas mieux expliquée par une démence préexistante, stabilisée ou en évolution.
C. La perturbation s'installe en un temps court (habituellement quelques heures ou quelques jours) et tend à avoir une évolution fluctuante tout au long de la journée.
D. Mise en évidence, d'après l'histoire de la maladie, l'examen physique, ou les examens complémentaires que la perturbation est due à une intoxication au cannabis ou un sevrage, ce facteur étant jugé lié étiologiquement au syndrome confusionnel.
Le principe de la prévention repose sur la prise en charge de la personne, ce quel que soit la substance. La prévention s'intéresse à l'histoire de chacun, prend en compte son environnement et se fonde sur la qualité de la relation entre l'acteur de prévention et le consommateur.
Cette conception permet d'éviter tout discours moralisateur qui participerait à la stigmatisation et à l'exclusion des consommateurs.
Les principaux objectifs de la prévention sont d'éviter la première consommation de substances psychoactives ou la retarder et agir sur les consommations précoces (prévention primaire) ; d'éviter le passage à une dépendance (prévention secondaire) ; de prévenir les risques et réduire les dommages liés à la consommation (prévention tertiaire).
La prise en charge d'un patient souffrant d'abus ou de dépendance au cannabis se décline à plusieurs niveaux :
Le traitement de l'intoxication aiguë au cannabis est symptomatique : prescription de benzodiazépines en cas d'angoisse majeure, d'agitation ou de convulsions, neuroleptiques sédatifs en cas de symptômes psychotiques.
Le traitement du syndrome de sevrage est également symptomatique, associant anxiolytiques, anti émétiques, antalgiques.
La cocaïne est extraite des feuilles du coca, cultivées en Amérique du Sud, en Indonésie, dans l'Est de l'Afrique et en Afghanistan.
La cocaïne se présente sous :
La cocaïne base, préalablement basée, est appelée crack et celle basée par les usagers eux-mêmes est appelée free base.
La cocaïne est la substance stimulante illicite la plus couramment utilisée en Europe. L'âge moyen de la première consommation est de 22 ans. L'âge moyen à l'entrée en traitement est de 33 ans. En moyenne, les hommes sont trois à quatre fois plus consommateurs que les femmes.
Le début des effets et les effets ressentis dépendent de la voie d'administration, des individus et de la dose consommée.
Après un bref « flash » ou « rush » de plaisir, on observe différents effets stimulants :
A la suite de la phase d'euphorie succède une phase transitoire (quelques minutes à quelques heures) de « descente » caractérisée par une dysphorie, une asthénie, une irritabilité, une perte de l'estime de soi, une anxiété.
Les usagers tentent souvent de gérer cette phase par la consommation d'autres psychotropes, pouvant être à l'origine de syndromes de dépendance secondaire.
Les symptômes apparaissent quelques jours après l'arrêt de la cocaïne et peuvent durer plusieurs semaines.
Les consommateurs peuvent gérer ce syndrome de sevrage avec de l'alcool, du cannabis, des opiacés ou des médicaments psychotropes (benzodiazépines, hypnotiques), qui peuvent être à l'origine de syndromes de dépendance secondaire.
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
A. Utilisation récente de cocaïne.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs, (par exemple : euphorie ou émoussement affectif ; changement de la sociabilité ; hypervigilance ; sensitivité interpersonnelle ; anxiété, tension ou colère ; comportements stéréotypés ; altération du jugement ; ou 'altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont développés pendant ou peu après l'utilisation de cocaïne.
C. Au moins deux des signes suivants, se développant pendant ou peu après l'utilisation de cocaïne :
(1) tachycardie ou bradycardie
(2) dilatation pupillaire
(3) augmentation ou diminution de la pression artérielle
(4) transpiration ou frissons
(5) nausées ou vomissements
(6) perte de poids avérée
(7) agitation ou ralentissement psychomoteur
(8) faiblesse musculaire, dépression respiratoire, douleur thoracique, ou arythmies cardiaques
(9) confusion, crises convulsives, dyskinésies, dystonies, ou coma
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Spécifier si avec perturbations des perceptions.
A. Arrêt (ou réduction) d'une utilisation de cocaïne qui a été massive et prolongée.
B. Humeur dysphorique avec au moins deux des changements physiologiques suivants qui se développent de quelques heures à quelques jours après le Critère A :
(1) fatigue
(2) rêves intenses et déplaisants
(3) insomnie ou hypersomnie
(4) augmentation de l'appétit
(5) agitation ou ralentissement psychomoteur
C. Les symptômes du Critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Cardio-vasculaires | * Syndrome coronarien aigu * Troubles du rythme cardiaque * Dysfonction ventriculaire gauche * Dissection aortique * Thromboses artérielles et veineuses |
Neurologiques | * Accident vasculaire cérébral ischémique ou hémorragique * Crises convulsives |
Pulmonaires | * Bronchospasme * Pneumothorax * Hémorragies * Syndrome respiratoire aigu suite à l'inhalation de crack ou free base (crack lung) |
Infectieuses | * Infections virales (VIH, VHB, VHC) * Infections bactériennes (abcès locaux, endocardites, pneumopathies, bactériémies) * Infections sexuellement transmissibles |
Cf. cannabis, chapitre « prévention ».
De manière générale, la prise en charge doit s'adapter à la situation clinique du patient et répondre à ses besoins et ses attentes.
La prise en charge individuelle est la plus utilisée et la plus adaptée. Néanmoins, les prises en charge en groupe pourraient permettre un renforcement de l'adhésion aux soins.
Le traitement de l'intoxication aigue est le traitement des symptômes induits par la consommation de cocaïne. Il n'existe aucun antidote spécifique du surdosage (overdose) en cocaïne.
Le traitement du sevrage est également symptomatique.
Aucun médicament n'a d'autorisation de mise sur le marché (AMM) en France dans le traitement de la dépendance. Plusieurs essais cliniques sont en cours d'élaboration pour tester l'efficacité de certains médicaments dans la prise en charge de la dépendance à la cocaïne.
La prise en charge associe un travail autour de l'alliance thérapeutique, un accompagnement médical et psychosocial, ainsi que la mise en place d'une psychothérapie.
L'amphétamine (speed, pilule, pill, pilou, peanut), la méthamphétamine (speed, meth, crystal meth, ice, tina, yaba) et la MDMA (ecstasy, méthylène-dioxy-métamphétamine) sont des drogues illicites de synthèse élaborées en laboratoire. Les amphétamines se présentent sous forme de comprimés à avaler ou de poudre à sniffer. Elles sont très souvent coupées avec d'autres produits.
Les autres drogues de synthèse seront abordées dans le chapitre « drogues de synthèse ».
La fabrication illicite de ces drogues est difficile à mesurer étant donné qu'elle est très répandue et souvent à petite échelle.
Cependant, la production mondiale d'amphétamine reste concentrée en Europe (Pays‑Bas, Belgique, Pologne, Bulgarie, Turquie et Estonie).
Le Mexique est un important pays producteur de méthamphétamine. En Europe, la production est concentrée en République tchèque.
La plupart des laboratoires synthétisant l'ecstasy sont situés en Australie, au Canada et en Indonésie.
En 2010, les saisies mondiales d'amphétamine étaient environ de 19 tonnes, les saisies de méthamphétamine environ de 45 tonnes et les saisies d'ecstasy environ de 3,8 tonnes.
Près de 13 millions d'Européens ont essayé des amphétamines et environ 2 millions ont consommé de la drogue au cours des douze derniers mois. Près de 11,5 millions d'Européens ont expérimenté l'ecstasy et environ 2 millions en ont consommé au cours des douze derniers mois.
Parmi les consommateurs d'amphétamines qui bénéficient d'un traitement, l'âge moyen de la première consommation est de 19 ans, l'âge moyen à l'entrée en traitement est de 28 ans avec 71% d'hommes et 29% de femmes.
L'amphétamine et l'ecstasy restent les stimulants de synthèse les plus couramment consommés en Europe.
Chaque utilisateur réagit différemment selon son état physique et psychique, selon le produit et le contexte d'utilisation. Les amphétamines induisent, suivant le dérivé, un renforcement de la neurotransmission sympathomimétique et/ou sérotoninergique et produisent des effets euphorisants et stimulants.
Les effets peuvent être :
La méthamphétamine se distingue par ses effets puissants et durables et par son potentiel addictif. Elle est plus rapidement et plus complètement absorbée par le cerveau que l'amphétamine. Fumer ou injecter la méthamphétamine produit un 'rush' ou 'flash' rapide qui se fait sentir de 3 à 5 minutes après l'inhalation tandis que l'effet se fait sentir de 20 à 30 minutes plus tard si la drogue est avalée.
L'ecstasy procure des effets empathogènes (donne l'impression de pouvoir se mettre à la place d'autrui, de ressentir à la place de l'autre).
Il est la conséquence de l'augmentation de la neurotransmission adrénergique et sérotoninergique. Les manifestations cliniques surviennent dans les 30 à 120 minutes après la prise orale d'amphétamines.
Autres conséquences d'une intoxication aigue aux amphétamines :
Cardiovasculaires | * Infarctus du myocarde * Urgence hypertensive (notamment dissection aortique) * Arythmies supraventriculaires |
Neurologiques | * AVC ischémique, hémorragie cérébrale * Manifestations motrices extrapyramidales (tremor, mouvements choréiformes, hyperréflexie, bruxisme, trismus) |
Vasculaires | * Insuffisance rénale (rhabdomyolyse) * Ischémie intestinale (colite ischémique) * Coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) * Hépatotoxicité avec insuffisance hépatique aiguë * Vascularites nécrosantes * Hypertension pulmonaire en cas d'abus chronique |
Un syndrome de sevrage peut survenir en quelques jours après l'arrêt et peut durer plusieurs semaines surtout lorsque la consommation se fait par voie intraveineuse ou par inhalation.
On peut principalement observer une dysphorie, une asthénie intense, une anhédonie, des troubles du sommeil, des troubles de la concentration. Il peut y avoir la constitution d'un véritable épisode dépressif caractérisé.
La consommation chronique d'amphétamine entraîne rapidement une tolérance avec augmentation de la dose pour obtenir le même effet. Il existe une dépendance physique et psychique.
La consommation chronique d'amphétamine entraîne également des atteintes physiques comme la perte de poids, un affaiblissement du système immunitaire, des lésions de certains organes (en particulier les reins, l'estomac et de l'intestin), des œdèmes pulmonaires, des troubles du rythme cardiaque et des lésions cardiaques. On observe également l'assèchement des muqueuses de la bouche et de la gorge, des états d'épuisement et les troubles du sommeil.
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
A. Utilisation récente d'amphétamines ou d'une substance apparentée.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (par exemple : euphorie ou émoussement affectif ; changement de la sociabilité ; hypervigilance ; sensitivité interpersonnelle ; anxiété, tension ou colère ; comportements stéréotypés ; altération du jugement ; altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont développés pendant ou peu après la prise d'amphétamines ou d'une substance apparentée.
C. Au moins deux des signes suivants, se développant pendant ou peu après la prise d'amphétamines ou d'une substance apparentée :
(1) tachycardie ou bradycardie
(2) dilatation pupillaire
(3) augmentation ou diminution de la pression artérielle
(4) transpiration ou frissons
(5) nausées ou vomissements
(6) perte de poids avérée
(7) agitation ou ralentissement psychomoteur
(8) faiblesse musculaire, dépression respiratoire, douleur thoracique, ou arythmies cardiaques
(9) confusion, crises convulsives, dyskinésies, dystonies, ou coma
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Spécifier si Avec perturbations des perceptions
A. Arrêt (ou réduction) d'une utilisation d'amphétamines (ou d'une substance apparentée) qui a été massive et prolongée.
B. Humeur dysphorique et au moins deux des changements physiologiques suivants se développant de quelques heures à quelques jours après le Critère A :
(1) fatigue
(2) rêves intenses et déplaisants
(3) insomnie ou hypersomnie
(4) augmentation de l'appétit
(5) agitation ou ralentissement psychomoteur
C. Les symptômes du Critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Cf. cannabis, chapitre « prévention ».
Les objectifs sont la lutte contre l'hyperthermie, le délire, l'agitation et les complications médicales non psychiatriques. En cas de non réponse aux benzodiazépines et aux mesures de refroidissement s'il y a une hyperthermie, une intubation et une myorelaxation doivent être mises en place.
Le traitement du syndrome de sevrage est symptomatique, adapté aux symptômes présentés par le patient (signes généraux, neurovégétatifs ou psychiatriques).
Les interventions psychosociales dispensées dans des services ambulatoires constituent les premières options de traitement des usagers d'amphétamines.
Ces interventions comprennent une remotivation, une thérapie cognitive et comportementale, l'apprentissage de la maîtrise de soi et des conseils comportementaux.
L'approche psychothérapeutique la plus fréquemment étudiée concernant la dépendance à la méthamphétamine et aux amphétamines est la thérapie cognitive et comportementale. Cette approche semble être associée à des résultats positifs.
Les usagers dont la dépendance aux amphétamines est compliquée par des troubles psychiatriques concomitants, peuvent bénéficier d'un traitement ambulatoire ou en milieu hospitalier.
En Europe, des médicaments (antidépresseurs, sédatifs ou antipsychotiques) sont administrés pour traiter les premiers symptômes de sevrage au début d'un sevrage, qui se déroule généralement dans des services psychiatriques spécialisés dans le cadre d'une hospitalisation.
Même si une certaine réduction de l'usage d'amphétamines et de méthamphétamine a été rapportée avec le modafinil, le bupropion ou la naltrexone, des recherches plus approfondies doivent être menées pour clarifier le rôle possible de ces molécules dans la prise en charge des patients dépendants.
Les opiacés comprennent les opiacés naturels (p. ex., morphine), semi-synthétiques (p. ex., héroïne), et des produits synthétiques ayant une action morphinique (p. ex., codéine, Méthadone chlorhydrate, oxycodone, fentanyl). Les opiacés ont plusieurs actions : analgésique, anesthésique, anti-diarrhéique ou antitussive. L'héroïne est l'une des drogues de cette classe qui fait, le plus souvent, l'objet d'un usage détourné. Elle est en général injectée bien qu'elle puisse être fumée ou sniffée quand elle est très pure.
Héroïne et traitements de substitution aux opiacés : 160 000 consommateurs réguliers d'héroïne en France, 50 000 patients sous Buprénorphine (Subutex®) et 6000 sous Méthadone chlorhydrate. L'âge de début de la consommation est en moyenne de 17-23 ans. Les hommes sont plus fréquemment touchés, avec un rapport homme-femme qui est de 3/1 pour l'héroïne. La prévalence diminue à mesure que l'âge augmente (à partir de 40 ans). Le personnel médical qui a un accès direct aux opiacés, aurait un risque accru d'abus ou de dépendance aux opiacés.
L'importance des modifications comportementales et physiologiques qui résultent de l'utilisation des opiacés dépend de la dose aussi bien que des caractéristiques du sujet qui utilise la substance (p. ex., tolérance, taux d'absorption, chronicité de l'utilisation).
Les opiacés peuvent être consommés sous différentes formes : fumés, sniffés, injectés, ingérés (comprimés, sirop). La cinétique des effets varie selon le mode d'administration et le produit consommé.
L'intoxication aiguë aux opiacés se déroule en trois phases sur le plan psychique :
Sur le plan somatique, l'intoxication aiguë aux opiacés peut entrainer une dépression respiratoire (bradypnée, dyspnée de Cheynes Stocke), un myosis serré, une hypothermie et parfois un coma stuporeux hypotonique aréflexique avec troubles cardiaques (bradycardie, hypotension et parfois troubles du rythme cardiaque jusqu'au choc cardiogénique), troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales), prurit.
Le syndrome de sevrage associe :
Pour les sujets dépendants à des produits à courte durée d'action comme l'héroïne, les symptômes de sevrage surviennent 6 à 12 heures après la dernière dose. Les symptômes peuvent n'apparaître qu'après 2 à 4 jours dans le cas de produits à demi-vie plus longue comme la Méthadone chlorhydrate. Les symptômes aigus du sevrage passent par un pic après 1 à 3 jours puis disparaissent progressivement en 5 à 7 jours. Anxiété, dysphorie, anhédonie, insomnie peuvent persister dans les semaines et mois qui suivent l'arrêt.
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
A. Utilisation récente d'un opiacé.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (p. ex., euphorie initiale suivie par de l'apathie, dysphorie, agitation ou ralentissement moteur, altération du jugement, ou altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont développés pendant ou peu après l'utilisation d'un opiacé.
C. Constriction pupillaire (ou dilatation pupillaire due à l'anoxie en cas de surdose grave) et au moins un des signes suivants, se développant pendant ou peu après l'utilisation d'opiacés :
(1) somnolence ou corna
(2) discours bredouillant
(3) altération de l'attention ou de la mémoire
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
A. L'une ou l'autre des circonstances suivantes :
(1) arrêt (ou réduction) d'une utilisation d'opiacés qui a été massive et prolongée (au moins plusieurs semaines)
(2) administration d'un antagoniste opiacé après une période d'utilisation d'opiacés
B. Au moins trois des manifestations suivantes se développant de quelques minutes à quelques jours après le Critère A :
(1) humeur dysphorique
(2) nausées ou vomissements
(3) douleurs musculaires
(4) larmoiement ou rhinorrhée
(5) dilatation pupillaire, piloérection, ou transpiration
(6) diarrhée
(7) bâillement
(8) fièvre
(9) insomnie
C. Les symptômes du Critère B causent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou clans d'autres domaines importants.
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Les sujets qui présentent une Dépendance aux opiacés ont un risque particulier de développer des épisodes dépressifs. Chez les sujets ayant une dépendance aux opiacés, le trouble de la Personnalité antisociale ainsi que le Stress posttraumatique sont retrouvés plus fréquemment.
En rapport avec les injections intraveineuses sont retrouvées :
Virus de l'immunodéficience humaine (VIH) ; Des taux d'infection par le VIH allant jusqu'a` 60 % ont été signalés chez les sujets dépendants de l'héroïne dans certaines régions des Etats-Unis
Les personnes qui prennent de l'héroïne ou d'autres opiacés par voie nasale (sniffer) développent souvent une irritation de la muqueuse nasale, quelquefois accompagnée d'une perforation de la cloison.
Cf. cannabis, chapitre « prévention ».
La prise en charge d'un patient souffrant d'abus ou de dépendance au cannabis se décline à plusieurs niveaux :
Le traitement du syndrome de sevrage est symptomatique, adapté aux symptômes présentés par le patient (signes généraux, neurovégétatifs ou psychiatriques).
Les opiacés sont les seules substances pour lesquelles un traitement de substitution peut être proposé pendant plusieurs mois ou années : La Méthadone chlorhydrate ou la Buprénorphine (Subutex®).
Tableau résumant les modalités de prescription d'un traitement de substitution aux opiacés
Agoniste des récepteurs aux opiacés | Agoniste partiel aux récepteurs des opiacés | |
Indication | Traitement substitutif des pharmacodépendances majeures aux opiacés dans le cadre d'une prise en charge médicale, sociale et psychologique | Traitement substitutif des pharmacodépendances majeures aux opiacés, dans le cadre d'une prise en charge médicale, sociale et psychologique |
Forme | Sirop : 5, 10, 20, 40 ou 60 mg par dose Gélules : 1, 5, 10, 20 ou 40 mg par gélule | Comprimés sublinguaux à 0,4, 2 ou 8 mg par comprimé |
===== Modalités de prescription =====
Prescripteur | Sirop Prescription initiée en établissement de santé ou en centre de soins spécialisé. Relais assuré en médecine de ville. Gélule Prescription initiale semestrielle réservée aux médecins exerçant en centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou services spécialisés dans les soins aux toxicomanes. Utilisée qu'en relais de la forme sirop chez des patients traités depuis au moins 1 an et stabilisés. | Tout médecin |
Posologies : initiation du traitement | Initiation uniquement sous la forme sirop. Première dose quotidienne de 20 à 30 mg selon le niveau de dépendance physique et administrée au moins 10 heures après la dernière prise d'opiacés. | 0,8 à 4mg/j Au moins 4 heures après la dernière prise de stupéfiant ou lors de l'apparition des premiers signes de manque puis augmentation par paliers de 1 à 2 mg/j |
Posologies | Posologie d'entretien obtenue par augmentation de 10 mg par semaine Habituellement entre 60 et 100 mg/jour. Doses supérieures parfois nécessaires. Traitement administré en une prise unique quotidienne\\ | Posologie adaptée individuellement à chaque patient. Ajustée en augmentant progressivement les doses jusqu'à la dose minimale efficace. Posologie moyenne d'entretien 8 mg/jour. Augmentation jusqu'à 16 mg/jour (posologie max) parfois nécessaire. |
Prescription sécurisée | oui | oui |
Modalités de rédaction | Nom, posologie et durée du traitement écrits en toutes lettres Mention obligatoire du nom du pharmacien sur la prescription | Nom, posologie et durée du traitement écrits en toutes lettres Mention obligatoire du nom du pharmacien sur la prescription |
Durée de la prescription | Durée maximale de prescription : 14 jours | Durée maximale de prescription : 28 jours |
Délivrance | Délivrance fractionnée par périodes de 7 jours sauf mention expresse du prescripteur : « délivrance en une seule fois » | Délivrance fractionnée par périodes de 7 jours sauf mention expresse du prescripteur : « délivrance en une seule fois » |
Le nombre des nouvelles drogues de synthèse (nouveaux produits de synthèse) augmente régulièrement sur le marché mondial et européen. Ces drogues de synthèse sont encore appelées « designer drugs, party drugs, club drugs, legal highs ».
Pour surveiller l'apparition de ces nouveaux produits, l'Union Européenne a mis en place un système d'alerte précoce. Un grand nombre de produits contient des mélanges de substances, rendant les analyses difficiles sur les répercussions à court, moyen et long termes de ces produits chez les consommateurs.
Nous ne citerons dans ce chapitre que les hallucinogènes (le diéthylamide d'acide lysergique (LSD) et les champignons hallucinogènes), le gamma-hydroxybutyrate ou GHB (G, GH, jus) et la kétamine (K, Ket, spécial K, Vitamine K).
Le LSD est produit sous forme de cristaux dans des laboratoires clandestins. Ces cristaux sont transformés en liquide avant d'être écoulés. Ce liquide est inodore, incolore et a un goût légèrement amer.
Le GHB se présente sous forme de poudre, de capsules ou de liquide incolore et inodore. Il a parfois un goût salé et savonneux qui disparaît lorsqu'il est mélangé à une boisson.
La kétamine se retrouve sous forme de poudre, de liquide, et plus rarement, en comprimés ou en capsules.
En Europe, chez les jeunes adultes âgés de 15 à 34 ans, les estimations de la prévalence au cours de la vie de la consommation de LSD oscillent entre 0 et 5,4 %.
Les estimations de la prévalence de la consommation de champignons hallucinogènes au cours de la vie chez ces jeunes adultes sont comprises entre 0,3 et 8,1 %.
La prévalence de la consommation de GHB et de kétamine dans les populations adulte et scolaire est nettement inférieure à celle de l'ecstasy.
Hallucinogènes | * Hallucinations * Distorsions perceptuelles * Agitation * Mydriase * Nystagmus * Hyperthermie * Tachycardie * HTA * Tachypnée |
GHB Effet dose-dépendant Absorption orale rapide Effets au bout de 15 minutes Durée de 1h30 à 2h | * Dépression du SNC * Sédation * Confusion * Ataxie * Coma de courte durée (< 3heures) * Désinhibition * Mydriase/myosis * Hypothermie * Bradycardie * Hypotension artérielle * Bradypnée * Apnée * Hyporéflexie |
Kétamine Durée de 2 à 4h | * Dépression respiratoire modérée et transitoire * Retard prolongé du réveil * Coma * Attaques de panique |
Hallucinogènes | * Ex-hallucinations géométriques * Fausses perceptions de mouvement à la périphérie du champ visuel * Flashs de couleurs |
GHB 1 à 6 heures après la dernière prise Pic au cours des 24 premières heures Dure jusqu'à 14 jours | * Agitation * Hallucinations surtout auditives et visuelles * Trouble psychotique bref * Trouble dépressif caractérisé * Anxiété * Insomnie * Confusion * Trémor * Tachycardie * Hypertension |
Kétamine Pas de syndrome de sevrage spécifique décrit | * Anxiété * Tremblements * Palpitations |
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
Cf. item addiction au tabac, chapitre « Introduction »
A. Utilisation récente d'un hallucinogène.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (par exemple : anxiété ou dépression marquées, idées de référence, peur de devenir fou, mode de pensée persécutoire, altération du jugement, altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont développés pendant ou peu après l'utilisation d'un hallucinogène.
C. Altérations des perceptions survenant en pleine conscience, clans un état de plein éveil (par exemple, intensification subjective des perceptions, dépersonnalisation, déréalisation, illusions, hallucinations, synesthésies) qui se sont développés pendant ou peu après l'utilisation d'un hallucinogène.
D. Au moins deux des signes suivants, se développant pendant ou peu après l'utilisation d'un hallucinogène : dilatation pupillaire, tachycardie, transpiration, palpitations, vision trouble, tremblements, incoordination motrice.
E. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
A. Développement d'un syndrome réversible, spécifique d'une substance, dû à l'ingestion récente de (ou à l'exposition à) cette substance.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs, dus aux effets de la substance sur le système nerveux central (par exemple : agressivité, labilité de l'humeur, altérations cognitives, altération du jugement, altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se développent pendant ou peu après l'utilisation de la substance.
C. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
A. Développement d'un syndrome spécifique d'une substance dû à l'arrêt (ou à la réduction) de l'utilisation prolongée et massive de cette substance.
B. Le syndrome spécifique de la substance cause une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel, ou dans d'autres domaines importants.
C. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
A. Utilisation récente de kétamine.
B. Changements comportementaux ou psychologiques, inadaptés, cliniquement significatifs (p. ex., bagarres, agressivité, impulsivité, imprévisibilité, agitation psychomotrice, altération du jugement, ou altération du fonctionnement social ou professionnel) qui se sont développés pendant ou peu après l'utilisation de kétamine.
C. Au moins deux des signes suivants se développent dans l'heure qui suit (moins si la substance a été fumée, « sniffée >», ou utilisée par voie intraveineuse) : nystagmus horizontal ou vertical, hypertension ou tachycardie, engourdissement ou diminution de la réponse à la douleur, ataxie, dysarthrie, rigidité musculaire, crises convulsives ou coma, hyperacousie
D. Les symptômes ne sont pas dus à une affection médicale générale, et ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental.
Spécifier si :
Avec perturbations des perceptions
Les complications non psychiatriques ne sont pas strictement spécifiques aux consommations des substances en question. La liste ci-dessous est loin d'être exhaustive.
Cf. cannabis, chapitre « prévention ».
En cas d'intoxication aiguë le traitement est le plus souvent symptomatique. Un tableau particulier doit faire évoquer une intoxication mixte, sans jamais oublier un possible traumatisme crânien sous-jacent.
Le traitement du syndrome de sevrage est symptomatique, adapté aux symptômes présentés par le patient (signes généraux, neurovégétatifs ou psychiatriques).
La consommation de champignons hallucinogènes et de LSD n'entraîne pas de dépendance. Toutefois, une tolérance peut s'installer et pousser l'usager à augmenter les doses pour ressentir les effets de la première prise.
La dépendance au GHB n'est pas établie scientifiquement et reste discutée.
L'usage chronique et prolongé de kétamine entraîne une tolérance, c'est-à-dire que l'usager a besoin d'augmenter les doses ou la fréquence d'usage pour obtenir l'effet désiré.
Pour toutes ces substances, il n'existe pas de traitement de substitution. Seule une thérapie de type thérapie cognitivo-comportementale peut être mise en place associée à des mesures générales de prise en charge.
Intoxication | Sevrage | Syndrome confusionnel par intoxication | Trouble psychotique | Trouble de l'humeur | Troubles anxieux | Dysfonctions sexuelles | Trouble du sommeil | |
Amphétamines | + | + | + | + | + | + | + | + |
Cannabis | + | - | + | + | - | + | - | - |
Cocaïne | + | + | + | + | + | + | + | + |
Opiacés | + | + | + | + | + | - | + | + |
Drogues de synthèse | + | - | + | + | + | + | - | - |